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Méliador

« Je m’avisai d’un grant malisce,
« Sire, a vous recognois mon visce,
« Car je di que la ja n’iroie,
« Et que trop vergondés seroie,
5020 « S’il me couvenoit confesser
« Ce de quoi je me voel cesser.
« Si m’avisai que pas n’iroie
« Celle part, mais m’en retourroie
« Chiés moy et dedens mon chastiel. f. 38 b
5025 « Sus mon chemin me vint a biel
« Au penser a ceste pucelle,
« Et me sambla moult bien, se celle
« Pooie avoir en mon manoir,
« Trop bien aroie esploitié voir.
5030 « Si com je l’avisai je fis,
« Dont en ce trop fort me meffis,
« Car je l’emblai a son bon pere
« Et ossi a sa bonne mere
« Qui avoient en moy fiance,
5035 « Et l’euch par soubtieue ordenance.
« S’il vous plaist, si le remenrai. »
Respont Graciiens : « Je ne scai
« S’en vous affiier me poroie,
« Car nullement je ne vorroie
5040 « Que la pucelle euist anoi ;
« Assés en a eü, par foy.
« Mais nommés moy le chevalier,
« Qui se combati avant hier
« A vous et qui vous desconfi. »
5045 — « Sire », dist Begos, « je vous di
« Que mies ne le sçai nommer,
« Mais les armes qu’il poet porter
« Vous nommerai bien en apiert.
« En blewes parures il siert
5050 « Ceste queste et dame Hermondine.
« En sa targe, qui moult est fine,