Page:Froissart - Méliador, tome 1.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
Méliador

De sens, d’onneur et d’ordenance
Avoit o lui de pourveance.
Li dus rechut moult liement
2505 Les messagiers certainnement,
Car il estoient a signeur
A qui on devoit toute honneur.
Cil fisent moult bien leur message
Et li disent par biel langage :
2510 «Sire, apriès ceste Ascention, f. 19 d
« C’est la certainne entention
« Dou roy Artu, a qui nous sommes,
« Qu’il a mandé par tout ses hommes,
« Les nobles, qu’il pora avoir.
2515 « Si vous fait par nous a savoir
« Que vostre fil li envoiiés
« Et, de ce tous segurs soiiés,
« Droit au jour de la Pentecouste,
« Chevaliers sera, quoi qu’il couste. »
2520 Adont li dus en respondi,
Qui bien leur langage entendi :
« Signeur, saciés, que ces nouvelles
« Me sont moult bonnes et moult belles,
« Et, quant bien l’estat considere
2525 « De monsigneur mon chier compere,
« Qui voet Melyador avoir,
« Refuser ne li doi pas voir ;
« Mais l’en doi moult remerciier
« Quant faire le voet chevalier.
2530 « Liement li envoierai
« Quant a ce ordonné l’arai,
« Dedens .xv. jours au plus tart. »
Cil respondent : « Diex y ait part ! »
De puis .iii. jours la demorerent
2535 A Tarbonne, et s’i reposerent
Dalés le duch et sa moullier
Qui, de coer joieus et entier,