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Et vous avez comblé tout mon désir, ô femme ;
Et vous avez rempli d’amour toute mon âme.
Et c’est pourquoi j’ai fait ces vers, ô ma beauté,
Afin que votre nom éclatât dans l’histoire,
Et qu’enfin je payasse en éternelle gloire
Ce que vous m’avez fait avoir en volupté.

Que nulle femme et que nul homme ne me fasse
Un crime d’avoir mis la gloire sur ta face.
Je sais ce que je fais en écrivant ces vers.
Je sais que je me lie à tout un passé triste
Dont ton cœur infamant et ton âme égoïste
Ont surchargé mon front ! Mais sache, ô dieu pervers

Dont aujourd’hui l’orgueil démesuré me dompte,
Qu’en te prenant, j’ai pris tout un passé de honte,
D’anciens espoirs éteints et de rêves déçus ;
Comme le Doge antique épousa la mer sombre
Avec toute sa fange, avec toute son ombre
Et tous les vaisseaux vieux qui sont passés dessus !