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Œuvres Morales,

et ne s’entretiennent pas d’autre chose. Aussi, sont-ils, sans cesse mécontens, et par leurs tristes remarques, troublent les plaisirs de la société, offensent beaucoup de personnes et deviennent à charge par-tout où ils vont.

Si cette tournure d’esprit étoit donnée par la nature, les malheureux qui l’ont seroient très-dignes de pitié. Mais comme la disposition à critiquer, à trouver tout mauvais n’est, peut-être, d’abord qu’un effet de l’imitation, et devient insensiblement une habitude, il est certain que quelque forte qu’elle soit, ceux qui l’ont peuvent s’en défaire, lorsqu’ils sont convaincus qu’elle nuit à leur repos. J’espère que ce petit avis ne leur sera point inutile et les engagera à renoncer à un penchant qui, quoique dicté par l’imagination, a des conséquences très-sérieuses dans le cours de la vie, et cause des chagrins et des malheurs réels.

Personne n’aime les frondeurs, et beaucoup de gens sont insultés par eux. Aussi, ne les traite-t-on jamais qu’avec une po-