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Vie

muscade. C’étoit un bien meilleur déjeûner, qui coûtoit tout au plus la valeur d’une pinte de bière, c’est-à-dire, trois demi-sols ; et qui, en même-temps, fesoit qu’on avoit des idées bien plus claires.

Ceux qui continuoient à se gorger de bière, perdoient souvent leur crédit chez le cabaretier, faute de payer leur compte, ils s’adressoient alors à moi, pour que je leur servisse de caution ; leur lumière, disoient-ils, étoit éteinte. Je me tenais chaque samedi au soir, auprès de la table, où l’on payoit l’ouvrage de la semaine, et je prenois les petites sommes dont j’avois répondu. Elles s’élevoient quelquefois à près de trente schellings.

Cet avantage, joint à la réputation d’être assez goguenard, me donnoit de l’importance dans la chapelle. J’avois, en outre, acquis l’estime du maître, en m’appliquant beaucoup à l’ouvrage, et n’observant jamais le Saint-Lundi. La célérité extraordinaire avec laquelle je composois, fesoit qu’on me donnoit toujours les ouvrages les plus pressés, qui