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grandeurs de la civilisation, plus ami de l’égalité que de la liberté, Mably ne se contente pas d’adopter le principe du communisme, il prend le système tout entier et veut qu’il soit traduit immédiatement en action. Il avait commencé par défendre le pouvoir absolu contre la prétention, fort goûtée de son temps, « de donner à un roi toute l'autorité nécessaire pour faire le bien sans lui laisser la puissance de faire le mal. » Plus tard il se passionna pour la liberté, pour les assemblées représentatives et les formes de gouvernement les plus démocratiques. Enfin la liberté elle-même disparut à ses yeux devant l'égalité, et celle-ci il ne voulut l’admettre que sous le régime de la communauté la plus absolue, d’une communauté agraire comme celle qui avoisine l’état sauvage. Voici, dans l’ordre même où il les a développées dans son livre sur la législation[1], les diverses propositions qui forment sa doctrine.

L’égalité et la communauté sont l’état naturel, et par suite l’état légitime du genre humain. En sortant des mains de la nature les hommes se sont trouvés tous égaux ; ils avaient tous les mêmes organes, les mêmes besoins, le même degré d’instinct ou d’intelligence ; ils jouissaient en commun des mêmes biens,

  1. De la législation, ou principes des lois. 2 vol. in-12. Amsterdam, 1776.