Page:Franck - Le communisme jugé par l'histoire, 1871.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

effet, ces mêmes aberrations que nous rencontrons ici sous le couvert du christianisme se sont présentées ailleurs au nom d’une croyance toute différente. Dans la Perse, à la fin du cinquième siècle de notre ère, sous le règne de Kobad, le père de Chosrou ou Chosroës, un enthousiaste appelé Mazdek, prêcha avec un grand succès la communauté des biens et des femmes. « Toutes choses, disait-il, tant animées qu’inanimées, appartenant à Dieu, il est impie à un homme de vouloir s’approprier ce qui est à son Créateur et ce qui, en cette qualité, doit rester à l’usage de tous. » Ces doctrines trouvèrent un grand nombre de partisans, parmi lesquels il faut compter le roi lui-même. On assure que le réformateur osa lui demander, comme gage de sa conversion, de lui abandonner la reine, et que ce sacrifice aurait été consommé sans les larmes et les prières de Chosroës. Quoi qu’il en soit de cette particularité, les disciples de Mazdek, mettant en pratfque les principes de leur maître, et ne reculant ni devant le rapt ni devant le pillage, jetèrent le pays dans la désolation. Il ne fallut rien moins qu’une révolution pour rétablir l'ordre. L'élite de la nation se souleva, chassa le roi et son favori et éleva sur le trône le frère de Kobad. Quelques années plus tard, sous le règne et par les ordres de Chosrou, Mazdek périt dans les supplices avec ses principaux adhérents, et son influence disparut avec