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sur l’industrie elle-même, et qui possède collectivement, à titre de propriété indivisible et inaliénable, plus des deux tiers du sol. On pourrait trouver là, si je ne me trompe, avec le régime de la communauté, ce qu’on appelle aujourd’hui l'organisation du travail ; car, dans la même caste, l’exercice des arts, des professions, était divisé autant que le permettaient l’état des lumières ou les besoins d’une civilisation encore peu avancée, et jamais l'un ne pouvait déplacer l’autre ; la concurrence était un mal inconnu chez ce peuple intelligent et laborieux ; l’abandon ou l’envahissement d’un état au préjudice des autres était également impossible.

C’est un fait remarquable que chez les Juifs, où la servitude, plutôt tolérée qu’encouragée par la loi, n’était qu’une sorte de domesticité ; où l’esclave, placé sous la sauvegarde de la religion, faisait partie de la famille, et, à la moindre violence de la part du maître, était déclaré libre ; où les dogmes, bien supérieurs aux institutions, proclamaient l’unité originelle et la fraternité du genre humain, la propriété, sans être absolue, ait eu un caractère individuel. Chaque Israélite avait son patrimoine qu’il cultivait lui-même, ou, comme dit l’Écriture, chacun vivait à l’ombre de sa vigne et de son figuier. Les femmes mêmes, quand elles n’avaient point de frère pour recueillir l'héritage paternel, pouvaient hériter et posséder, tandis que les