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chez aucun peuple, quelque barbare qu’il fût, on n’a jamais enseigné qu’il fallût être injuste et méchant. Quant à ce que la morale chrétienne a de particulier, l’auteur prétend démontrer qu’elle ne peut convenir qu’à des enthousiastes peu aptes à remplir les devoirs de la société, pour lesquels les hommes sont dans ce monde. Il entreprend de prouver, dans la troisième partie, que la religion chrétienne a eu les effets politiques les plus sinistres et les plus funestes, et que le genre humain lui doit tous les malheurs dont il a été accablé depuis quinze à dix-huit siècles.

Pendant plus de dix ans, une suite d’ouvrages non moins hostiles aux principes religieux se succédèrent sans relâche. La même année 1767 vit paraître l’Esprit du clergé, ou le Christianisme primitif vengé des entreprises et des excès de nos prêtres modernes ; de l’Imposture sacerdotale, ou Recueil de pièces sur le clergé. L’année suivante, il fit imprimer sept écrits du même genre, parmi lesquels nous citerons seulement ceux qui partagèrent, avec le Système de la nature et le Christianisme dévoilé, l’honneur d’être condamnés, par arrêt du Parlement, du 18 août 1770, à être brûlé par la main du bourreau, savoir : la Contagion sacrée, ou Histoire naturelle de la superstition ; Théologie portative, ou Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne. Nous croyons superflu d’énumérer tous ces pamphlets contre le christianisme et contre le théisme, dont le nombre ne s’élève pas à moins de vingt-cinq ou vingt-six.

C’est en 1770 que parut le fameux Système de la nature, auquel surtout est resté attaché le nom du baron d’Holbach, bien qu’on y eût inscrit d’abord celui de Mirabaud, secrétaire perpétuel de l’Académie française. Ce manuel de l’athéisme, écrit d’une manière lourde, prolixe et pédantesque, et même avec une sorte de fanatisme intolérant, n’excita pas seulement les poursuites du clergé et du Parlement, il révolta aussi le bon goût de Voltaire, qui, dans son impatience, écrivait sur les pages de son exemplaire des notes, ou plutôt des sarcasmes contre les mauvais principes, et surtout contre le mauvais style du livre. Il en rédigea même une réfutation, qui forme aujourd’hui une des sections de l’article Dieu du Dictionnaire philosophique.

Le Bon sens, ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles, publié en 1772, et souvent réimprimé sous le nom du curé Meslier, est le Système de la nature, dépouillé de son appareil abstrait et métaphysique. C’est l’athéisme mis à la portée de la populace ; c’est le catéchisme de cette doctrine, écrit d’un style simple, et parsemé d’apologues pour l’édification des jeunes apprentis athées. Même parmi les penseurs qui alors se piquaient peu d’orthodoxie, bon nombre ne se dissimulaient pas l’extrême danger de répandre de pareils ouvrages, et ils en regardaient la multiplication comme un symptôme effrayant.

Le Système social, ou Principes naturels de la morale et de la politique, qui fut condamné par arrêt du Parlement, du 16 lévrier 1776, est de l’année 1773. La première partie renferme les principes naturels de la morale ; la seconde les principes naturels de la politique : la trois traite de l’influence du gouvernement sur les mœurs, ou des causes et des remèdes de la corruption. Le but de cet ouvrage est d’établir une morale et une politique indépendantes de tout système religieux, et de fonder sur cette politique le droit public des nations et la prospérité des empires, il semble que l’auteur, après avoir renversé les antiques barrières opposées jusqu’alors aux vices et aux passions de l’humanité, sente le besoin d’en élever de nouvelles ; mais ses déclamations vertueuses ont assez peu d’efficacité, et il est trop aisé d’en reconnaître l’impuissance. Grimm dit à propos de ce livre : « Les capucinades sur la vertu, et il y en a beaucoup dans le Système social, ne sont pas plus efficaces que les capucinades sur la pénitence et la macération. Incessamment nous aurons des capucins athées, comme des capucins chrétiens, et les capucins athées choisiront l’auteur du Système social pour leur père gardien. »

Par un bonheur providentiel, les funestes effets que pouvaient produire de pareils livres sont neutralisés par l’ennui qui s’en exhale. Il faut s’armer d’un véritable courage pour en poursuivre la lecture jusqu’au bout. Quelques pages que la verve de Diderot va semées par-ci par-là. ne suffisent pas pour corriger la monotonie d’un style à la fois diffus, prétentieux et déclamatoire.

Presque toutes ces publications sortaient de la fabrique de Michel Rey, d’Amsterdam. Les personnes mêmes qui fréquentaient la maison du baron d’Holbach ignoraient qu’il en fût l’auteur. Il confiait ses manuscrits à Naigeon, qui les faisait passer par une voie sûre à Michel Rey : celui-ci les renvoyait en France imprimés, et souvent d’Holbach en entendait parler à sa table avant d’avoir pu s’en procurer un exemplaire. C’est ce qui arriva pour le Système de la nature.

Les torts de son esprit, les erreurs dangereuses qu’il a propagées avec une fâcheuse persévérance, ne nous rendront pas injustes pour ses qualités personnelles. Parce qu’il eut le malheur de ne pas croire en Dieu, et de prétendre fonder la morale sur l’athéisme, faut-il méconnaître sa bienfaisance, à laquelle les plus illustres de ses contemporains ont rendu hommage ? C’est de lui que Mme Geoffrin disait avec cette originalité de bon sens qui caractérisait souvent ses jugements : « Je n’ai jamais vu un homme plus simplement simple. » C’est son caractère que Rousseau, dans sa Nouvelle Héloïse, a voulu représenter sous le personnage de Wolmar ; c’est de lui que Julie écrit à Saint-Preux : « Il fait le bien sans espoir de récompense ; il est plus vertueux, plus désintéressé que nous. »

Le baron d’Holbach mourut à Paris, le 21 janvier 1789, dans sa soixante-septième année. Consultez un Mémoire de M. Damiron, sur d’Holbach, dans le tome IX du compte rendu des Séances de l’Académie des sciences morales et politiques. A…d.

HOLCOT (Robert), philosophe et théologien anglais d’une grande réputation au xiv e siècle. Il appartient à l’ordre des Augustins, dont il était le général, et défendit avec beaucoup d’éclat la cause du nominalisme. Il est mort en 1349. X.

HOLLMANN (Samuel-Chrétien), né en 1696, professeur de philosophie à Wittemberg, puis à Goëttingue, et mort dans cette dernière ville, en 17Î tira par être un des adversaires

de Woll, devint plus tard son défenseur, et finit par l’éclectisme, tel qu’on le comprenait alors en Allemagne. Ses ouvrages, dénués d’originalité, mais d’un style précis et clair, obtinrent beaucoup de succès dans les universités allemandes, l/i voici les titres : Commcntatio j>hilosophica de harmonie inter animam et co preestabilila, in ï. Wittemberg, 172V (cet écrit est dii le système de l’harmonie pré ét iblie) ; — i ommentatio philosophica de mirant H* et genuinis eorumdem criteriis, in-4, Francfort et Leipzig, 1727 ; — Institution^ pht"