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Histoire naturelle de l’âme, in-8, ib., 1796 ; — Principes généraux du droit politique, in-8, ib., 1797 ; — Éléments de philosophie morale et particulièrement de la science des mœurs, in-8 ; ib., 1798 ; — Recherches sur les objets les plus importants de la philosophie et de la théologie morale, in-8, ib., 1799 ; — des Périodes de l’éducation, in-8, Leipzig, 1800 ; — Recherches sur les maladies de l’âme, etc., Halle, 3 parties in-8, 1802-1807 ; — la Psychologie dans ses principales applications à la science du droit, in-8, ib., 1808 ; — de l’Analyse en philosophie, in-8, ib., 1810 ; — Essai sur l’application la plus sûre et la plus facile de l’analyse dans les sciences philosophiques ; ouvrage couronné, avec des suppléments, in-8, Leipzig, 1810 ; — le Droit général ou naturel et la Morale considérés dans leurs rapports mutuels de dépendance et d’indépendance, in-8, Halle, 1816. Tous ces ouvrages ont été publiés en allemand. Les plus intéressants sont ceux qui concernent la logique et la psychologie. Hoffbauer, un des écrivains les plus féconds de l’école de Kant, a aussi contribué à la rédaction de plusieurs journaux de droit et de médecine. Enfin il a fourni plusieurs articles de philosophie dans l’Encyclopédie de Ersch et de Gruber.  X.

HOLBACH (Paul Thiry, baron d’), un des philosophes du xviiie siècle qui travaillèrent avec le plus d’activité à démolir l’édifice religieux, naquit en 1723 à Heidelsheim, dans le Palatinat. On ne sait rien de son enfance, sinon qu’il vint de bonne heure à Paris, où il passa la plus grande partie de sa vie. Son père lui avait laissé une grande fortune, dont il fit le plus noble usage, protégeant les artistes et les hommes de lettres, et les aidant de ses conseils et de ses recherches comme de ses secours. Étroitement lié avec Diderot, d’Alembert, Grimm, Rousseau, Marmontel, l’abbé Raynal et tout le parti philosophique, son salon devint le quartier général des encyclopédistes. Le rôle important que les salons jouèrent au xviiie siècle, cette domination qu’ils exercèrent sur l’opinion publique, s’expliquent parfaitement à une époque où la fermentation des esprits tournés vers la critique des dogmes et des institutions religieuses, politiques et sociales, n’avait pour s’exhaler ni la presse libre ni la tribune. La maison du baron d’Holbach devint donc un de ces centres où les gens d’esprit, par leur réunion, sentaient leurs forces se multiplier, et s’exaltaient, s’encourageaient mutuellement à la destruction du vieil édifice, ou à la conquête des idées nouvelles. Tous les étrangers de distinction qui venaient à Paris se faisaient présenter chez lui. Il donnait deux dîners par semaine, et l’abbé Galiani lui écrivait de Naples, le 7 avril 1770 : « La philosophie, dont vous êtes le premier maître d’hôtel, mange-t-elle toujours de bon appétit ? » Dans ce salon, qui était, pour ainsi dire, le café de l’Europe, on jugeait les ouvrages nouveaux ; toutes les opinions venaient s’y essayer avant de se produire devant le public. On peut voir dans les Confessions de Rousseau ce qu’il y dit du club holbachique. L’abbé Morellet a écrit dans ses Mémoires : « On y disait des choses à faire tomber cent fois le tonnerre sur la maison, s’il tombait pour cela. »

Cependant le baron d’Holbach ne se bornait pas à être l’amphitryon de la philosophie. Avec ses goûts studieux et son vaste savoir, animé d’un intérêt sincère pour le progrès des connaissances humaines, empressé de communiquer aux autres ce qu’il croyait pouvoir leur être utile, il joua lui-même un rôle actif dans la croisade déclarée alors contre les vieux préjugés et, il faut le dire aussi, contre des doctrines respectables, sans lesquelles la nature humaine mutilée se dégrade, et la société, détournée de son but le plus noble, se réduit à un mécanisme sans autre fin que de satisfaire de grossiers appétits.

La liste chronologique des nombreux ouvrages du baron d’Holbach nous donne de précieuses indications sur la marche que suivit son esprit, et sur le cours que ses idées reçurent du milieu au sein duquel il vivait. A l’exception d’une lettre sur l’Opéra, et d’une traduction des Plaisirs de l’imagination d’Akenside, ses douze premières publications de l’année 1752 à l’année 1766 ne sont que des ouvrages scientifiques, traduits de l’allemand, tels que l’Art de la verrerie, de Neri, Merret et Kunckel ; la Minéralogie, de Wallerius ; Introduction à la Minéralogie, de Henckel ; Chimie métallurgique, de Gellert ; Essai d’une histoire des couches de la terre, de Lehmann ; l’Art des mines, du même ; Œuvres métallurgiques de Christian Orschall ; Recueil des Mémoires les plus intéressants de chimie et d’histoire naturelle contenus dans les actes de l’Académie d’Upsal et dans les Memoires de l’Académie de Stockholm ; Traité du soufre, de Stahl. C’est donc avec justice que ses contemporains ont mentionné les services qu’il a rendus à l’histoire naturelle et aux sciences physiques. On sait d’ailleurs qu’il fit pour l’Encyclopédie un grand nombre d’articles sur la chimie, la pharmacie, la physiologie, la médecine.

Mais ce qui est digne de remarque, ce sont les conséquences de ces premières études, et le tour nouveau qu’elles donnèrent à ses pensées. En étudiant l’histoire naturelle des couches de la terre, il crut apercevoir une contradiction frappante entre les notions géologiques réputées les plus certaines, et quelques traditions consignées dans les livres sacrés. Ce siècle incrédule avait réservé toute sa foi pour les sciences physiques et mathématiques ; et dès que les idées surnaturelles paraissaient être en opposition avec les données de la nature, on pouvait pressentir pour conclusion inévitable l’abandon où la négation des premières. C’est ainsi que d’Holbach et ses amis en vinrent, non-seulement à mettre en question les traditions bibliques, à attaquer certains dogmes du christianisme, et à combattre toutes les religions positives, mais à vouloir démontrer l’inutilité du dogme de l’immortalité de l’âme et de l’existence de Dieu, pour l’établissement de la morale.

Le premier écrit que d’Holbach composa dans ce sens fut le Christianisme dévoilé, ou Examen des principes et des effets de la religion chrétienne, publié en 1767. On le mit sous le nom de Boulanger, comme pour faire pendant à l’Antiquité dévoilée. Ce livre, que les philosophes eux-mêmes désignèrent comme le plus hardi et le plus terrible qui eût jamais paru dans aucun lieu du monde, a pour préface une lettre où l’auteur examine si la religion est réellement nécessaire ou seulement utile au maintien et à la police des empires, et s’il convient de la respecter sous ce point de vue. Après avoir donné à ce problème une solution négative, il entreprend de prouver par son ouvrage l’absurdité et l’incohérence du dogme chrétien et de la mythologie qui en résulte, ainsi que la mauvaise influence qu’il a exercée sur les esprits et sur les âmes. Dans la seconde partie, il examine la morale chrétienne, et il prétend prouver que, dans ses principes généraux, elle n’a aucun avantage sur toutes les morales du monde, parce que la justice et la bonté sont recommandées dans tous les catéchismes de l’univers, et que