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facultés sont, en puissance, l’irritabilité, la sensibilité, la ooUmtariété. Vo88ociabilité } en acte, l’irritation, la sensattonj la uohïton, l’as- sociation. L’irritation est une rcodif: dernières parties du sensorium j r<> l’impression du dehors. La sensation est une modification du centre ou de la totalité du sen- sorium. La volition est une modification du centre ou de la totalité du sensorium, mais qui se termine à ses dernières extrémités. L’association enfin est une modification des dernières parties du sensorium. qui précède ou accompagne les contractions fibreuses. Les idées, qui ne sont autre chose que les mouvements du sensorium, sont donc elles-mêmes de quatre espèces, irrita- tives, sensitives, volontaires, associées. La notion d’un objet se produit parce qu’une partie du sensorium, comprimé par cet objet, prend la même configuration que lui. Raisonner est une opération du sensorium par laquelle nous dé- terminons deux familles d’idées et rappelons les idées avec lesquelles celles-là ont des rapports de ressemblance ou de différence. Juger c’est fixer les bornes de cette différence. Le libre arbitre est la puissance de poursuivre volontai- rement la chaîne dos idées associées. Toutes ces puissances appartiennent également à l’homme et aux animaux; l’instinct des bêtes est en effet une sorte de sagacité, perfectible et raisonnée. Les végétaux eux-mêmes sont des animaux d’un ordre inférieur qui ont leurs plaisirs, leurs amours, leurs penchants et leurs idées. La partie la plus curieuse de la Zoonornie est la théorie de Darwin sur la génération. L’em- bryon est une partie de l’individu dont il procède. C’est une sécrétion du sang mâle, l’extrémité d’un nerf. Ce point d’entité est un filament vivant qui tient du père une certaine suscepti- bilité d’irritation et même quelques habitudes particulières. Le fluide environnant, dans lequel est reçu chez la mère ce filament primitif, le fait se replier sur lui-même en un anneau qui devient ainsi le commencement d’un tube. Ce tube augmente par nutrition de grandeur et de volume, mais dans des limites assez étroites. Darwin repousse l’hypothèse des germes emboîtés et qui se développent par la seule distension de leurs parties jusqu’aux plus grandes proportions de l’animal parfait. Selon lui, c’est par acquisition de nouvelles parties, par addition de nouveaux organes que se forme l’animal supérieur. Les parties premières étant irritées éprouvent des besoins, s’adjoignent en conséquence de nouvel- les parties ; de ce changement de forme résultent une irritabilité nouvelle, de nouveaux besoins ; de ces besoins de nouveaux organes qui remplis- sent de nouvelles fonctions. Tous les animaux ont une origine semblable et la diversité de leurs formes ne provient que de la diversité des irri- tations primordiales du filament primitif. Il n’est donc pas impossible, dit Darwin, dans la première édition de sa Zoonornie, que la totalité des espèces procède d’un petit nombre d’ordres naturels mul- tipliés et diversifiés par le croisement; pu- exemple, il n’est pas impossible que tous les animaux à sang chaud, l’homme y compris, n’aient qu’une même origine. Mais plus tard il renverse cette fragile barrière élevée un instant entre les animaux à sang chaud, les poissons, les insectes, les vers, selon la classification lin- néenne, et il attribue à tous indistinctement la même origine dans un premier et unique filament. Il fait plus encore : les végétaux ne sont que des lux inférieurs qui ont leurs sexes et leurs amours (d’où le poëme les Amours des plantes) ; ils ont donc pu sortir eux aussi de ce même filament primitif. C’est la grande cause première qui l’a doué de l’animalité, ce sont les div< astances. les mouvements divers di tabilité qui l’uni modifié, lui et ses reji infinis et ont perfectionné graduellement sa de et animale. « Quelle idée su- blime de la puissance infinie du grand archit La cause des causes 1 Le père des pères! L’être des êtres ! » Dans la seconde partie de sa Zoonornie, Darwin explique toutes les maladies par un excès ou un défaut ou un mouvement rétrograde des facultés du sensorium; il les divise en conséquence en quatre classes, maladies d’irritation, de sensa- tion, etc., et chaque classe en trois subdivisions, lies par excès, par défaut, etc. Enfin dans la dernière il traite des substances qui peuvent contribuer à rétablir la santé. On voit que les idées de Darwin sont un mé- lange de celles de Locke, de Ch. Bonnet, de Maillet, de Robinet, qui échappe à toute cri !i Cependant un philosophe distingué, compatriote itemporain de Darwin, Thomas Brown, dans sa première jeunesse, il est vrai, en a entrepris l’examen sous ce titre : Rcview of Darvnn ’s Zoonomia, Edimbourg, 1798, in-8. Ce qui donne aujourd’hui quelque intérêt à ce tissu d’hypothèses bizarres, c’est qu’on y trouve l’idée de la trans- formation des espèces soutenue plus tard scien- tifiquement par Lamarck et surtout par Geoffroy Saint-Hilaire, et que le filament primitif d’Érasme Darwin est bien l’aïeul de la cellule primor- diale de Ch. Darwin, l’auteur contemporain de VOrigine des espèces. Consultez sur la Zoonornie les Eléments de la philosophie de l’esprit humain, de Dugald Stewart, t. III. A. L.

DATISI. Terme mnémonique de convention par lequel les logiciens désignaient un mode de la troisième figure du syllogisme. Voy. i a. Logique de Port-Royal, 3 e partie, et l’article Syllogisme.


DAVID l’Arménien. David était resté à peu près inconnu jusqu’au moment où M. Neumann publia, dans le Journal Asiatique (janvier et février 1829), une notice pleine d’intérêt sur ce philosophe. Auparavant, le nom de David était simplement mentionné, sans aucun détail précis ni de temps ni de lieu, dans le catalogue des commentateurs d’Aristote. C’était sur un titre aussi vague que Fabricius l’avait plusieurs fois cité dans sa Bibliothèque: et Buhle, dans le pre- mier volume de son édition d’Aristote, n’avait pu donner sur lui rien de plus positif. Les ma- nus:rits cependant ne manquaient pas. A Flo- rence, à Rome, à Paris, les œuvres du philosophe arménien étaient conservées dans de nombreux exemplaires; mais aucun philologue n’avait pensé ni à les publier, ni même à les analyser. Wyttenbach, dans ses notes sur le Phédon, avait lait usage du commentaire de David sur les Catégories, mais sans en connaître l’auteur. M. Neumann est venu combler cette lacune et réparer cet injuste silence de la philologie. Il a montré que l’auteur du Commentaire sur le* Catégories et du Commentaire sur Vlnlroduc- lion de Porphyre était le philosophe qui, chez les Arméniens, passait pour le premier des pen- seurs nationaux, et qui, instruit aux écoles de la Grèce, élève des professeurs d’Athènes, d’Alexan- drie et de Constantinople, devait tenir une place distinguée dans l’histoire delà philosophie, jus- que-là muette sur ses travaux. David avait traduit et commenté plusieurs ou- es d’Aristote, particulièrement la Logique, et il avait écrit bes commentaires en grec et en nien tout à la fois. L’usage des deux langues lui était également familier, comme l’attestent les manuscrits arméniens et grecs que nous