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et réfléchi (Xénophon, Memorabilia Socratis, dialogue entre Socrate et Aristodème le Petit), demeurera toujours la preuve la plus populaire de l’existence de Dieu, et la plus accessible à toutes les intelligences. Cependant ce n’est pas seulement en métaphysique qu’il est nécessaire de la laisser subsister; contenue dans des limites précises, appliquée à des faits d’un caractère bien connu, nous ne le croyons pas d’un usage moins légitime dans la science de la nature. Par exemple, n’est-ce pas le principe des causes que l’on reconnaît dans cet axiome de la physiologie moderne : point d’organe sans fonction ? On a prétendu que les physiciens de l’école, affirmant que l’eau monte dans les pompes parce que la na­ture a horreur du vide, faisaient également usage des causes finales ; mais ce n’est là qu’un ridicule non-sens, qui n’a rien de commun avec le prin­cipe que nous défendons. Voy., outre les ouvra­ges cités, Kant, Critiques du jugement téléologique.

CAUSES OCCASIONNELLES. Ce nom reste exclusivement consacré à l’hypothèse imaginée par l’école cartésienne, pour expliquer les rap­ports de l’âme et du corps. Entre l’âme, disent les philosophes de cette école, entre l’âme, sub­stance purement pensante, et le corps, dont l’essence consiste dans l’étendue, tous les rap­ports sont inexplicables sans une intervention di­recte de la cause première. C’est par conséquent Dieu lui-même qui, à l’occasion des phénomènes de l’âme, excite dans notre corps les mouve­ments qui leur correspondent, et qui, à l’occa­sion des mouvements de notre corps, fait naître dans l’âme les idées qui les représentent, ou les passions dont ils sont l’objet. Le système des causes occasionnelles n’existe encore qu’implici­tement et sous une forme peu arrêtée dans les écrits de Descartes. Clauberg, ensuite Malebran­che, Régis et surtout Geulinx, l’ont développé dans toutes ses conséquences. Enfin un autre car­tésien, de Laforge, en le restreignant aux mou­vements involontaires, a essayé de le concilier avec le sens commun et l’expérience, qui don­nent à la volonté un pouvoir réel sur nos orga­nes. Voy., pour plus de détails, les articles rela­tifs aux différents noms que nous venons de citer.

CÈBÉS de Tuèbes, philosophe de l’école de Socrate, un des interlocuteurs que Platon intro­duit dans le Phédon. avait écrit trois dialogues : 1° Hebdomade, ou la Semaine ; 2° Phrynicus ; 3“ Pinax, la Table ou le Tableau. Le dernier est le seul qui nous reste. C’est une sorte d’al­légorie dans laquelle l’auteur a représenté tous les penchants bons ou mauvais de la nature humaine, toutes les vertus et tous les vices. On y voit d’un c’té l’imposture qui enivre les hom­mes du breuvage de l’erreur et de l’ignorance, et qui les pousse, escortés des passions et des préjugés, vers la fortune, la volupté et la débau­che, et plus tard vers la tristesse, le deuil et le désespoir : d’un autre côté, sont la patience et la modération qui conduisent à l’instruction vé­ritable, aux vertus et à la félicité. L’intention de ce petit dialogue est, comme on voit, excellente, et la forme ne manque pas d’élévation, ni d’une certaine grâce. Plusieurs critiques, entre autres Jérôme Wulf (Annot. ad Epist. et Cebet.) et l’abbé Sevin (Mémoires de l’Acad. des inscriptions et belles-lettres, t. III), en ont contesté l’authenti­cité, sur ce motif, que parmi les adorateurs de la fausse instruction, il y est fait mention de plusieurs sectes postérieures à Cébès, les hédoniques, les péripatéticiens, les videstiniens ; mais ces mots | euvent avoir été interpolés, et, en tout cas, il semble difficile de rejeter le témoi­gnage formel de Diogène Laërce, de Tertullien, de Chalcidius et de Suidas, qui tous attribuent la Table à Cébès, disciple dé Socrate. Le Tableau de Cébès a été souvent réimprimé à la suite du Manuel d’Epictète : il en existe en outre plu­sieurs éditions spéciales, parmi lesquelles nous citerons celles de Gronovius, in-12, Amsterdam, 1689 ; de Th. Johnson, in-8, Londres, 1721, et de Schweighaeuser, in-12, Strasbourg, 1806. On peut aussi consulter : Flade, de Cebete ejusque Tabula, in-4, Freiberg, 1797 ; Klopfer, de Ce'betis tabula dissertationes tres, in-4, Zwikaw, 1818-22.Un autre philosophe du nom de Cébès, natif de Cyzique, est cité par Athénée (Deipnos., lib. IV, c. lxij). Il appartenait à la secte des cy­niques, et a été regardé comme le véritable au­teur de la Table par ceux qui enlèvent cet ou­vrage à Cébès le Socratique.X.

CELANTES. Terme mnémonique de conven­tion par lequel les logiciens désignaient un des modes indirects de la première des trois figures du syllogisme reconnues par Aristote. Voy. la Logique de Port-Royal, 3e partie, et l’article Syl­logisme.

celarent. Terme mnémonique de conven­tion, par lequel les logiciens désignaient un des modes de la première figure du syllogisme. Voy. la Logique de Port-Royal, 3e partie, et l’article Syllogisme.

CELSUS, CELSE. Il a existé plusieurs philo­sophes de ce nom. —1°A. Cornelius Celsus. Il paraît avoir vécu sous le règne de Tibère ; mais on ignore l’époque précise de sa naissance et de sa mort. Huit livres sur la médecine, formant la sixième partie d’un grand traité sur les arts, sont le seul de ses ouvrages que nous possédions. Quintilien nous apprend (hist. orat., lib. XI, c. i) qu’il suivait, non sans éclat, l’école d’Épicure. 2° Celsus, célèbre adversaire du christia­nisme. Il a vécu sous le règne d’Adrien, et s’il est le même, comme tout le fait présumer, que le personnage à qui Lucien a adressé l’histoire de l’imposteur Alexandre, il doit avoir poussé sa car­rière jusque sous le règne de Marc Aurèle. C’est un point fort controversé de savoir à quelle secte il appartenait. Selon les uns, il était stoïcien ; selon les autres, platonicien ; suivant l’opinion la plus commune, épicurien. Ce dernier sentiment est celui auquel incline Brucker (Hist. crit. phi­los., t. II, p. 604 etsuiv.), qui a longuement dis­cuté la question. Celsus avait composé, sous le titre de Discours véritable, un ouvrage contre les juifs et les chrétiens, qui a été réfuté par Origène. Il avait écrit aussi un livre contre la magie et un autre sur l’art de bien vivre. Aucune de ces productions n’est parvenue jusqu’à nous. 3Ü Celsus, auteur d’une Histoire de la philosophie dont parle saint Augustin (de Hœresib. prœf.). Fabricius (Biblioth. lat.) pense qu’il est le même que Cornelius Celsus ; mais cette opinion a été contestée.X.

cercle, voy. Sophisme, Diallèle.

CERDON, hérésiarque au ne siècle de l’ère chrétienne, était originaire de Judée. Il vint à Rome vers l’an 139, sous le pontificat du pape Hygin, et y enseigna dans le secret une doctrine moitié philosophique, moitié religieuse, mélange confus des dogmes chrétiens, du dualisme orien­tal et des idées gnostiques. Ses disciples se con­fondirent avec ceux de Marcion, qui propagea, quelques années plus tard, des opinions sembla­bles. Consultez le Dictionnaire des hérésies, de Pluquet, et VHistoire du Gnosticisme de M. Matter. Voy. Gnosticisme.X.

CÉRINTHE. à peu près contemporain de Cerdon, était comme lui originaire de Judée. Il sé­journa longtemps en Êgypte, s’y familiarisa avec les doctrines orientales, et plus tard se trausporta