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d’épicerie pour appâter le gros public, et tout l’attirail imaginable : salles de dépêches, bureau de poste, salon d’auditions musicales et de phonographes, un petit théâtre genre musée Grévin avec cinématographe dans les sous-sol, un atelier de photographie délivrant une carte-album à chaque acheteur au-dessus de dix francs, enfin une série d’attractions admirables et bien propres à nous taire une réclame immense. Et je ne fais que vous entr’ouvrir des perspectives. Mais vous n’êtes pas sans deviner combien d’idées fécondes nous suggéreront les circonstances et le succès : comme, par exemple, d’adjoindre à la maison un service d’informations parallèle à celui des grands quotidiens, et au besoin d’avoir un journal à nous dont le rôle peut être formidable dans une crise électorale, et mille autres inventions semblables dont votre ingéniosité ne sera pas en peine. L’argent ? vous n’aurez même pas à vous baisser pour le prendre, il montera en flots jusqu’à la portée de votre main…

Pour l’instant, ajouta-t-il avec plus de calme, nous n’en sommes qu’à la période d’expectative, et j’ai plus besoin de dévouements que je ne puis distribuer de subsides.

— Ah ! vous ne pouvez pas encore ?… interrompit le méfiant M. Tintouin.

— Permettez-moi de vous dire que vous êtes renversant, mon cher et estimable monsieur Tintouin. Vous voudriez que je vous distribuasse des revenus de vingt pour cent avant d’avoir reçu le quart de votre quotité ? Mais alors…

— Cependant…

— Il n’y a pas de cependant, monsieur Tintouin, rectifions les faits. Par amitié pour vous, je consens à recevoir votre argent au même titre que celui du tout puissant Mazarakis, au risque de me fâcher avec lui, et vous réclamez déjà ?