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— Je suis tout à fait navrée que vous ne puissiez pas attendre, pour cet argent. Car j’aurais pu vous trouver quelque chose de très avantageux, tandis que, si vous êtes pressé… ah ! sapristi ! comme ça s’arrange mal !… Au fait, — je vous demande pardon, — avez-vous des garanties ?

— J’ai une montre, des livres et une tortue.

— Il plaisante, expliqua M. Cabillaud. Il n’a d’autres garanties qu’un petit héritage de sa tante et qui ne sera pas liquide, du moins telle est l’opinion des jurisconsultes, avant sept ans.

— Bref, rien du tout.

— Madame Verrière, rien du tout est un mot qui n’est pas français, surtout dans votre bouche. Cent francs à mon jeune ami, c’est pour vous un placement de fils de famille, le meilleur !… Vous les retrouverez aisément.

— Je cherche, dit madame Verrière, je cherche à qui les demander pour vous les offrir. Je ne vois que Gripenberg qui puisse consentir à donner séance tenante… Avez-vous quelque objection contre Gripenberg ?

— Que voulez-vous que cela me fasse, Gripenberg ou un autre ?

— Eh bien ! je vais vous laisser un mot pour lui. Ne vous inquiétez de rien comme garanties. C’est moi qui réponds de vous… Vous me plaisez, j’ai envie de vous obliger. Si vous n’arrivez jamais à vous acquitter envers moi, eh bien !… ce ne sera point la première fois que j’aurai été victime de mon bon cœur.

Jacques ne comprenait pas comment madame Verrière pouvait ainsi se montrer si généreuse, mais M. Cabillaud souriait doucement, comme quelqu’un que rien n’étonne plus, et qui se rend compte. Madame Verrière écrivit un court billet qu’elle mit sous