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Et, sous les vastes nefs, pendant que l’orgue roule
Son accord grandiose et sonore, la foule
Se dresse, et délirante en son pieux essor,
Entonne en frémissant le Veni, Creator !

De quels mots vous peindrais-je, ô spectacle sublime ?
Jamais, aux jours sacrés, des parvis de Solyme,
Chant terrestre, qu’un chœur éternel acheva,
Ne monta plus sincère aux pieds de Jéhovah !
L’émotion saisit la masse tout entière,
Quand, du haut de l’autel, l’homme de la prière,
Ému, laissa tomber ces paroles d’adieu :
― Vaillants chrétiens, allez sous la garde de Dieu ![1]

Ô mon pays, ce fut dans cette aube de gloire
Que s’ouvrit le premier feuillet de ton histoire !

Trois jours après, du haut de ses mâchicoulis
Par le fer et le feu mainte fois démolis,



  1. « Après la célébration des saints mystères, toute la troupe s’avança jusque dans le chœur de la cathédrale, et vint se ranger autour du trône, où l’évêque de Saint-Malo. Mgr Bohier, revêtu des ornements pontificaux, appela sur eux et sur leur expédition toutes les grâces du ciel, et leur donna sa bénédiction. Cet acte solennel fut le sacre de la France américaine à son berceau. » (L’abbé H.-R. Casgrain. Hist. de la M. Marie de l’Incarnation.)