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sept ans. — Ils fuient enterrés dans un champ, au quatrième rang des concessions de la paroisse de Saint-Michel de Bellechasse, à six mètres du chemin royal, sur la terre appartenant alors à un nommé Cadrain, et aujourd'hui la propriété de MM. François et Joseph Ponliot. Cet endroit était autrefois redouté des passants. D’après les croyances populaires, on y voyait des fantômes, des apparitions. En octobre 1880, à la demande des propriétaires du terrain, on fit l’exhumation des cinq cadavres, pour les confier au cimetière réservé aux enfants morts sans baptême. On trouva les cercueils presque intacts et les ossements bien conservés. L’excommunication avait été prononcée par Mgr Briand, alors évêque de Québec. L’auteur n’a pas l’intention, dans cette pièce, de blâmer une mesure qui, si rigoureuse qu’elle paraisse au premier abord, était peut-être rendue nécessaire par les circonstances. On sait ce qui arriva aux pauvres Acadiens qui ne voulurent point se soumettre au sort des armes. Leur dispersion légendaire fut le prix de leur patriotisme. L’évêque de Québec voulut probablement préserver notre peuple d’un pareil malheur.

Mgr Briand était né en France.

Cette pièce, lue à un banquet donné à Montréal en l'honneur d’un député français de passage au Canada, était suivie de cet envoi :

Ami, vous retournez un beau pays de gloire
qu’on appelle la France, et qu’on aime à genoux ;
Si l’on vous y parle de nous,
Racontez cette histoire !

(32) Jean-Baptiste Cadot (on écrit aussi Cadau) était né à Batisean en 1723. Il se mêle naturellement une bonne partie de légende dans cette histoire du Drapeau fantôme. Elle a plutôt été recueillie dans les traditions populaires que chez les historiens, qui en font à peine mention. Mais le fond en paraît on ne peut plus authentique.