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qu’aux portes de la ville de Montréal. De là, les Iroquois passent sur la rive opposée ; la paroisse de La Chenaie est incendiée tout entière, et une partie des habitants est massacrée." (Garneau, Hist. du Canada.)

(12) Les principaux martyrs de la foi au Canada sont : le P. Viel, noyé par les Hurons, au Saut-au-Recollet, en 1630 ; — le missionnaire de Nouë, trouvé gelé dans les îles de Sorel, en 1646 ; — le P. Jogues, martyrisé par les Agniers, en 1947 ; — les PP. Daniel, de Brébeuf, Lallemand, Chabanel, Garnier, Butteux, Liégeois, Garneau, Le Maître, massacrés par les Iroquois, de 1648 à 1661 ; — et enfin le P. Rasle, tué au seuil de sa chapelle, par les Anglais, en 1727. Les supplices que les sauvages faisaient subir à ces héroïques missionnaires étaient épouvantables. On les traînait pieds nus, durant des semaines, à travers la forêt, quelquefois sur le sol glacé, puis on les forçait de marcher sur des charbons ardents ; on les meurtrissait de coups ; on leur labourait la chair avec des aiguillons enflammés ; on leur arrachait les ongles ; on leur coupait les phalanges avec les dents, puis on leur fumait les doigts ainsi mutilés dans des pipes brûlantes ; on rouvrait leurs plaies et on les laissait béantes jusqu’à ce que les vers s’y missent ; on les attachait à des poteaux, de façon qu’ils ne pussent se reposer un seul instant, et dans cette position, on leur passait autour du cou des colliers de haches rougies à la flamme, et autour du corps des ceintures d’écorce enduites de gomme et de résine en feu ; on leur arrachait la chevelure, puis on leur versait de l’eau bouillante sur le crâne, que l’on recouvrait ensuite d’une couche de braise ; on leur enlevait des lambeaux de chair, qu’on faisait griller et qu’on dévorait ensuite sous leurs yeux ; enfin tout ce que la plus horrible férocité pouvait imaginer était mis en œuvre par ces barbares pour torturer ceux qui leur apportaient, au prix de tant de peines et de sacrifices, les bienfaits du christianisme et de la civilisation.