Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/317

Cette page n’a pas encore été corrigée

Des reflets mordorés inondaient la prairie ;
L’horizon flamboyait comme un ciel de féerie ;
Dans les lointains rosés, le vent des grands déserts
Dormait silencieux dans le calme des airs ;
Tout s’était revêtu d’un aspect grandiose ;
La nature semblait fêter l’apothéose
D’un héros malheureux, d’un saint et d’un martyr !
Quand la trappe s’ouvrit, le choc dut retentir
Avec un bruit lugubre en mainte conscience.
Mais nul besoin d’avoir le don de prescience,
Pour savoir que, parmi les coupables, beaucoup
Subiront de ce choc le fatal contrecoup.
Il aura son écho funèbre dans l’histoire.
Elle fera subir un interrogatoire
Terrible, à ceux d’abord dont l’orgueil tout-puissant
Mit sur notre blason cette tache de sang ;
Puis à ceux-là surtout qui, par instinct servile,
Par froide convoitise ou par lâcheté vile,
En permettant ce crime ont offert notre front
Au stigmate brûlant d’un éternel affront !