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C’est bien, leur dit Chénier un éclair aux sourcils,
Les mourants cèderont aux autres leurs fusils :
Nous en aurons bientôt assez pour tout le monde ! ―

Cependant au dehors la canonnade gronde ;
Le bourg est envahi, tous les chemins bloqués ;
Les affûts destructeurs sur l’église braqués,
Faisant sauter les ais, déchirant les murailles,
Lancent la foudre avec des paquets de mitrailles ;
Derrière un bataillon, un bataillon surgit,
Mêlant sa fusillade au canon qui mugit ;
L’église n’est bientôt qu’une vaste masure.

Mais, du haut des clochers et de chaque embrasure,
Les hardis assiégés ripostent fièrement.
Repoussant chaque assaut par un redoublement
D’efforts et de sang-froid, d’adresse et de courage,
Chénier se multiplie et tient tête à l’orage.
Sanglant, échevelé, noir de poudre, on le voit
Grandir en même temps que le danger s’accroît ;
Un officier anglais le somme de se rendre :
Le héros souriant lui répond : ― Viens me prendre ! ―