Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/242

Cette page n’a pas encore été corrigée


― Mais ces drapeaux sont teints du pur sang de vos veines,
Leur disait-on ; tremper dans ces discordes vaines,
C’est pour jamais plier vos fronts ;
Cet ennemi qui vient va venger vos défaites...
Au recruteur anglais ces conscrits disaient : ― Faites !
Le devoir parle, nous irons !

Et puis, l’arme à l’épaule ! au vent les chansonnettes !...
Un jour, pour repousser sept mille baïonnettes,
On leur crie : ― Enfants, hauts les cœurs ! ―
Ils ne sont que trois cents, serrés comme des piques ;
Mais nos trois cents, à nous, mieux que tes Grecs épiques,
O Léonidas, sont vainqueurs !

Oui, France ! Ces trois cents soldats d’une semaine,
Le soleil, tout un jour de lutte surhumaine,
Les vit, de leur sang prodigué,
Sous le fer et le feu, riant des projectiles,
Un contre vingt, inscrire auprès des Thermopyles
Le nom rival de Châteauguay !