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Devant ces plis sacrés troués par les tempêtes
Qui tant de fois jadis ont tonné sur nos têtes,
Combien de fois, Montcalm, en rêvant du passé,
N’ai-je pas évoqué ta sereine figure,
Grande et majestueuse ainsi que l’envergure
De l’aigle qu’un éclat de foudre a terrassé !

Je revoyais alors cette époque tragique,
Où, malgré ton courage et la force énergique
D’un peuple dont on sait l’héroïsme viril,
Se déroula la sombre et cruelle épopée
Qui devait d’un seul coup, en brisant ton épée,
Te donner le martyre et nous coûter l’exil.

Je sentais frissonner cette page émouvante
Où l’on vit, l’arme au bras, calme, sans épouvante,
Par de vils brocanteurs vendu comme un troupeau,
Raillé des courtisans, trahi par des infâmes,
Un peuple tout entier, vieillards, enfants et femmes,
Lutter à qui mourra pour l’honneur du drapeau !