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Tout disparaît soudain dans l’ombre et dans l’écume.
Emportée au courant qui tournoie et qui fume,
Dans le bouillonnement des lames en rumeurs,
Chaque embarcation fuit avec ses rameurs.
Le coup d’œil en arrêt, le bras sûr, tenant tête
Au choc tumultueux des flots échevelés,
Ils guident sans pâlir les canots affolés,
À travers les écueils qui sans cesse surgissent.
Bondissant au sommet des vagues qui mugissent,
Ou plongeant tout à coup dans les écroulements
Des remous en fureur, ces dompteurs d’éléments
Sur l’abîme fougueux passent comme des rêves ;
Pendant que derrière eux, sur la pente des grèves,
Les grands pins chevelus, pleins de brume et de bruit,
Comme des spectres noirs s’enfoncent dans la nuit.

― Ah ! messieurs, fit José, je ne crains pas les luttes
De l’aviron ; mais là, descendre les Sept-Chutes,
Nom d’un chien ! aussi vrai que je suis de Sorel,
Je l’ai dit bien des fois, ça n’est pas naturel.