Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 120 —

Et pourtant, à travers les spirales mouvantes
Que l’ouragan soulève en bonds désordonnés,
Luttant contre le choc des blizzards déchaînés,
Des voyageurs, là-bas, affrontent la bourrasque.
L’ombre les enveloppe et le brouillard les masque.
Qui sont-ils ? Où vont-ils ? Quels Titans orgueilleux
Peuvent narguer ainsi tant d’éléments fougueux ?
Ce sont de fiers enfants de la Nouvelle-France.
Sans songer aux périls, sans compter la souffrance,
Ils vont, traçant toujours leur immortel sillon,
Au pôle, s’il le faut, planter leur pavillon !

Au mépris des traités, la hautaine Angleterre,
Contre la France armant sa haine héréditaire,
Sur les côtes d’Hudson — dangers toujours croissants —
Avait braqué vers nous ses canons menaçants.
Il fallait étouffer les oursons au repaire ;
Et d’Iberville, un fort que rien ne désespère,
Avec cent compagnons armés jusques aux dents,
Malgré la saison fauve et ses froids corrodants,
À travers des milliers d’obstacles fantastiques,
Avait pris le chemin des régions arctiques…