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très-facile… mais un peu susceptible. Comme tu le sais, ma diable de goutte m’empêche d’aller remplir mes fonctions de père ; tu me remplaceras. Adieu, vieil original. Ton dévoué Plumoizeau, ex-apothicaire et marguillier de la paroisse, etc. » (Il se lève et marche.) Le fait est que je ne fais rien comme les autres, moi !… Je me suis imaginé de marier ma chère Sempronia au fils de mon ancien camarade Plumoizeau, apothicaire à la Palisse, et j’ai fait faire les publications, il y a quinze jours. Ma fille n’a pas encore vu son futur, ni moi non plus. Le mariage se fait aujourd’hui. On n’attend plus que l’époux pour commencer la cérémonie, et le perruquier pour coiffer la mariée. L’époux arrivera sans doute tout habillé. Sitôt arrivés, vite chez le tabellion ! ils feront connaissance après. Ceci me paraît assez neuf ; Sempronia manifeste une assez vive répugnance pour cette union ; elle prétend qu’elle ne connaît pas son futur, qu’elle ne l’aime pas, qu’elle ne l’aimera jamais… Sa mère en disait autant quand je l’ai épousée… (Au public.) Eh bien ! je ne m’en suis pas plus mal porté, ni ma femme non plus ! Ça ne pas empêchée de partir avant moi.

Romance.
PREMIER COUPLET.
––––––Je n’ai jamais connu l’amour :
––––––La fleur des champs toujours cachée,
––––––Sur son humble tige penchée ;
––––––Le chapon dans sa basse-cour,
––––––Le hanneton dans son enfance,
––––––L’agneau qui vient de voir le jour,
––––––N’ont pas au cœur plus d’innocence.
––––––Je n’ai jamais connu l’amour.
DEUXIÈME COUPLET.
––––––Je n’ai jamais connu l’amour ;
––––––Mon cœur, à Cupidon rebelle,