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LES CHOSES QUI S’EN VONT

ou non, un petit réveillon n’était pas de refus. Dans un saut, la Grite était à sa laiterie, et revenait avec du lait du matin et des petites tartes qui n’attendaient pas le premier de mai pour déménager. Et puis encore, tous les jours, après l’école, les enfants demandaient à manger une bouchée avant d’aller, l’un couper des rondins, l’autre cri les vaches et les taurailles dans les fardoches, au-dessus de la ligne et quelquefois jusque dans la pelée. La Grite leur cassait du pain dans une bolée de lait, et ils mangeaient ensemble, sur les marches de l’escalier, en se branlant les jambes.

Je ne parle point des repas, où il y avait toujours du lait doux avec sa crème ; des cailles avec une bonne couche de sucre du pays haché fin — ce qui n’est pas indifférent. Parfois aussi, les cailles devenaient du lait égoutté, lequel avec des framboises et de la crème, n’est pas piqué des vers ; j’en ai connu qui s’en léchaient les barbes. Je ne mentionne pas le beurre, la crème et le lait qui enrichissaient les pâtisseries ;