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LES CHOSES QUI S’EN VONT

tique, vivifiée par une pensée de haut patriotisme, a fait, chez nous, en ces dernières années, pour provoquer, encourager et récompenser les soins intelligents donnés à la terre. Mais, dites-moi : la terre est-elle plus aimée pour tout cela ? Oui, ou plutôt non ; et pour être juste, oui et non, car il y a amour et amour, comme il y a fagot et fagot.

La terre est plus aimée ? Oui, et plus qu’elle ne l’était hier : c’est certainement vrai un peu plus chaque jour. Mais de quel amour et comment ? Je réponds : de cet amour intéressé qui espère des faveurs, les escompte en usurier et en jouit en égoïste. La devise de cet amour-là, quoique vieille comme l’avarice, est aussi tout à fait modern-style : donner un œuf pour avoir un bœuf.

La science, ou « les étincelles d’expérience » — comme un poète intitulait ses notes en agriculture — a propagé des recettes certaines pour fertiliser un terrain, y faire des semences avec art et obtenir des récoltes mirobolantes.