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La clôture de pieux.



I l s’était assis à son piano, me laissant debout devant la vieille toile encadrée d’or bruni qu’il avait placée à contre-jour, entre les fenêtres par lesquelles je pouvais voir la « Piazza del Castelletto » avec les vols de colombes striant le ciel de Gênes, d’un bleu pur, tel celui des robes d’anges de l’Angelico.

Puis, pendant qu’avec une allégresse tout italienne, Nino jouait de ses doigts fins et agiles, d’un jeu très doux, il m’analysait les phrases musicales par lesquelles l’auteur de la sonate avait interprété le thème inspirateur du tableau que je considérais. Il disait : « le prélude, d’un allegretto si palpitant, auquel s’accrochent ces triolets à peine effleurés, ce sont des voix d’oiseaux dans les branches. Ces groupes de notes, tour à tour langoureuses ou pétillantes, graves ou suraiguës, simulent la chanson de chacun de ces oiseaux,