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BARTHÉLEMY (AUGUSTE-MARSEILLE).

D’échanger en cinq ans les bibliques paroles
Contre la Croix d’honneur, l’amitié de Vitrolles,
Et l’académique fauteuil ;

Mais qu’aujourd’hui, pour prix de tes hymnes dévotes,
Aux hommes de Juillet tu demandes leurs votes,
C’en est trop ! L’Esprit-Saint égare ta fierté ;
Sais-tu qu’avant d’entrer dans l’arène publique,
Il faut que devant nous tout citoyen explique
Ce qu’il fit pour la liberté ?

On n’a point oublié les œuvres trop récentes,
Tes hymnes à Bonald en strophes caressantes,
Et sur l’autel Rémois ton vol de séraphin ;
Ni les vers courtisans pour tes rois légitimes,
Pour les calamités des augustes victimes,
Et pour ton seigneur le Dauphin.

Va, les temps sont passés des sublimes extases,
Des harpes de Sion, des saintes paraphrases,
Aujourd’hui tous ces chants expirent sans écho :
Va donc, selon tes vœux, gémir en Palestine,
Et présenter, sans peur, le nom de Lamartine
Aux électeurs de Jéricho.


RÉPONSE DE LAMARTINE


Non, sous quelque drapeau que le barde se range,
La Muse sert sa gloire et non ses passions ;
Non, je n’ai pas coupé les ailes à cet ange
Pour l’atteler hurlant au char des factions.
Non, je n’ai point couvert du masque populaire
Son front resplendissant des feux du saint parvis,