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AMPÈRE (JEAN-JACQUES).

II


J’ai trop vécu par la pensée,
J’ai trop peu vécu par le cœur ;
Je redescends des monts, car leur cime est glacée :
Ah ! ce n’est pas si haut qu’habile le bonheur !
Pour les sommets sont les nuages,
Les nuages et l’aquilon.
Je laisse au plus hardi le séjour des orages ;
Moi, timide et lassé, je m’abrite au vallon.


III

À MON PÈRE


Je viens à toi, mon père, au pied du Puy de-Dôme ;
Je te trouve faisant le tour de ton royaume,
Royaume du savoir, grande et calme cité,
Où loge tout problème, et toute vérité.
Par ses mille chemins tu vas et te promènes,
Tu fais signe en marchant aux sciences humaines.
Et chacune aussitôt, d’un pas obéissant,
Accourt au lieu marqué par ton geste puissant ;
Et toi, législateur des célestes campagnes,
Tu les ranges du haut de tes sombres montagnes,
Comme un chef, en bon ordre, étend ses bataillons
Ou comme un laboureur espace des sillons.