Page:Fournier - Souvenirs poétiques de l’école romantique, 1880.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

AMPÈRE (JEAN-JACQUES)



Fils d’André-Marie Ampère, le plus distrait de nos grands savants, il n’eut pas de son père que les distractions. André-Marie avait commencé par vouloir être poète, Jean-Jacques commença de même. Le père, qui avait rêvé de faire des tragédies, les oublia vite pour la science ; le fils qui, en vrai romantique, avait surtout écrit des vers de sentiment et d’émotion, ne tarda pas à s’en départir pour l’histoire, quitte à la délaisser elle-même pour les voyages.

Plus que tout le reste, ils remplirent et agitèrent sa vie. Il alla partout : en Scandinavie, en Amérique, en Afrique, etc., et de chaque pays il rapporta des volumes de promenades, d’impressions, de poésies, etc. L’Italie l’attira surtout et le retint. Il redevint historien sur cette terre de l’histoire. Quiconque veut la ressaisir vivante sous ses cendres refroidies doit s’être pénétré des beaux livres d’Ampère : le Voyage Dantesque, et L’Histoire romaine à Rome.

Il les écrivait sur place, en complétant ses souvenirs avec ses livres. On parle encore, dans un dos principaux hôtels de Florence, de ce Français qui voyageait avec une bibliothèque, et qui passait des jours et des nuits à écrire.

Des goûts de poésie l’avaient aussi repris, mais avec moins de succès, dans cette poétique et dramatique contrée. Il y fit une sorte de drame de César, qui ne put être joué, car c’est à peine si l’on peut le lire.

L’Académie française, qui avait reçu J.-J. Ampère en 1847, n’a jamais connu d’Académicien plus nomade. La mort seule l’arrêta. Quand il mourut en 1864, il avait soixante-quatre ans ; il était né à Paris avec le siècle.