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GAVARNI.

C’est le deuil qui le suit, c’est la voix qui le raille,
C’est le regret qui vit de son moindre bonheur ;
Tourment qui de son lit a remué la paille,
Et dont le bec aigu lui cherche au fond du cœur.

C’est la faim d’être libre. Un oiseau mord sa cage ;
Vous vouliez à la vôtre attacher ce rameau,
Souvenir des jardins dont vous aimiez l’ombrage,
Amis, et vous coupez les ailes d’un oiseau.


À LOUISE


Nous aurons sous nos pas des fleurs à chaque aurore,
Oui, mon âme, à demain !
Mais dans ces fleurs d’hier laissez-moi voir encore
Où passait mon chemin.

O mon âme ! là-bas erre une ombre éphémère,
Enfant aux blonds cheveux ;
La voici qui revient, qui passe, et dit : « Mon frère ! »
Et me cherche des yeux.

Autour de moij’entends murmurer : « Qu’elle est belle !»
Et tout bas une voix
Me parle du passé, comme un bruit qui rappelle
Un bonheur d’autrefois.

Mais ce soir, entre nous, un voile se soulève :
Ange, tu me souris ;
C’est que tu vois là-bas ma piété qui rêve
À ce nom que j’écris.

N’as-tu pas su le mien à l’heure où tout s’oublie ?
Oui, ta mère, en pleurant,