Page:Fournier - Souvenirs poétiques de l’école romantique, 1880.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173
LA PIE DE LA PRISON.

C’est alors qu’on trouve parmi ses travaux : Théorie des forces tournant sur leur point d’application aux corps d’ailleurs libres dons l’espace ; Propriété du segment ou Trigonométrie mixtiligne ; Parallélépipède liquide, etc.

Un jour du mois de mai 1865, M. Joseph Bertrand déposant sur le bureau de l’Académie des sciences la solution d’un problème des plus ardus : La généralisation de la série des sinus en fonction de l’arc, ajouta, à la grande stupeur du docte corps, que cette solution était… de M. Gavarni ! Quand on lui parle de ses chefs-d’œuvres passes, écrivit à ce propos le chroniqueur d’un journal, il répond logarithmes. Et il fait des communications à l’Académie des sciences ! des communications sur les fonctions de l’arc ! nous aimions mieux les flèches. »

Ce fut le dernier succès… mathématique de Gavarni. Il mourut le 22 novembre 1866.


LA PIE DE LA PRISON


Du grain qu’ils ont semé laissez la fleur éclore ;
Allez, Margot, la loi leur a permis des fleurs.
Eh quoi ! méchant oiseau, vous revenez encore
De ce triste jardin becqueter les primeurs.

N’en privez pas, au moins, leurs jours que rien n’abrège ;
Les ans laissent ici de bien longues saisons,
Margot ! et de l’hiver ils n’ont eu que la neige ;
N’allez pas du printemps leur ôter les bourgeons ;

Et qu’au moins du soleil un bouquet les console ;
Demain, le savez-vous, ils attendraient en vain
Ce printemps qu’aujourd’hui votre audace leur vole.
Margot ! les prisonniers vous donnent de leur pain.

Comme cet oiseau noir il est une pensée
Qu’ici le malheureux apporte avec ses jours,
Qu’il nourrit en son âme, et qui, toujours chassée,
Dés qu’il voudrait sourire, hélas ! revient toujours.