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LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME

on le peut, en quoi tous ces arguments étaient moins meurtriers pour un de ces principes que pour l’autre.

III. — Cette explication enfin suppose que dans l’attitude de M. Bourassa sur la guerre il faut distinguer deux phases : l’une où il était pour l’intervention ; l’autre où il était contre.

Or, la vérité vraie, c’est qu’il n’a jamais été pour — je veux dire sérieusement, sincèrement pour ; il y a eu seulement une phase où il était à la fois pour et contre : pour, en apparence, — contre, à fond et furieusement.

Pas un de ses écrits du temps où cela n’éclate, qui n’en porte le criant témoignage.

Pas même ceux du début de la guerre, pas même ce fameux article du 8 septembre où M. Bourassa, — « après mûre réflexion », après avoir durant deux semaines « étudié tous les aspects de la situation et les conséquences de la décision du gouvernement canadien », — croyait devoir enfin « acquiescer » à la nouvelle politique ? Le lecteur connaît cette pièce, déjà citée à plusieurs reprises au cours des lignes qui précèdent, cette pièce étonnante dont la seconde partie, en faveur de l’intervention, est d’avance réduite à néant par la première, accablant plaidoyer contre la participation !

« Le Canada… n’a aucune obligation morale ou constitutionnelle ni aucun intérêt immédiat