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LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME

J’ai dit de plus qu’en dépit de ses solennelles professions de foi dans l’intervention il n’était pas, dès lors, moins évidemment hostile à cette politique, en son for intérieur, qu’il ne l’est aujourd’hui au grand jour. L’ai-je prouvé ?

Cependant, ne nous hâtons point de conclure avant d’avoir entendu, sur ces deux points, M. Bourassa lui-même. Si peu de penchant, en effet, qu’il montre généralement à rappeler ses opinions de ce temps-là, le directeur du Devoir a senti un jour la nécessité d’expliquer, une fois pour toutes et le plus clairement qu’il était en son pouvoir, sa double attitude sur la question de la guerre. On se trouvait aux premiers jours de janvier 1916, et c’est-à-dire qu’il y avait pour lors (faut-il le rappeler ?) seize mois bien comptés que le Devoir poursuivait contre la participation, sans en avoir une seule fois réprouvé le principe, la lutte sans merci dont je viens de conter les débuts. Position, en somme, peu nette, et que M. Bourassa finissait par trouver malcommode à la longue. Sans doute, par l’opiniâtreté et la violence chaque jour croissante de sa campagne, avait-il réussi depuis longtemps à faire oublier, de l’immense majorité du public,… ce qu’il tenait tant à ce qu’on oubliât. Quelques lecteurs, pourtant, de plus de mémoire ou de plus d’attention, pouvaient se souvenir, se souvenaient cer-