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LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME

taient il y a des années ; elles le sont même un peu moins s’il se peut, on en verra les raisons tout à l’heure. — En douterait-on ? Qu’on nous montre seulement, hors du cercle étroit que je viens d’indiquer, la trace chez nous de son influence : malgré tant d’efforts et de talent prodigués, il continue de se heurter toujours à la même hostilité de la part des uns, à la même indifférence de la part des autres, de la part de tous à la même incompréhension désespérante. Rien, rien n’aura pu désarmer cette hostilité, fouetter cette indifférence, dissiper cette incompréhension. La guerre elle-même n’y aura point suffi, cette guerre qui soulève aujourd’hui, d’un bout à l’autre du Canada français, un si violent courant d’indignation contre l’impérialisme britannique. Henri Bourassa a beau avoir été depuis 1899 le champion par excellence du nationalisme canadien, il a beau avoir dénoncé, dès la guerre africaine, la future conquête impérialiste, et décrit presque point par point, quinze ans à l’avance, les phases et l’issue de cette sinistre entreprise : le Canadien français veut bien maudire l’impérialisme, mais pour rien au monde il ne voudrait reconnaître à Henri Bourassa le mérite de l’avoir combattu.

Vous auriez tort d’objecter que bien avant aujourd’hui et même bien avant la guerre, c’est à savoir aux élections de 1911, le peuple de cette