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MON ENCRIER

exemple, à aucune époque, d’une telle intelligence servie par de tels moyens, — je veux dire un savoir aussi riche et une parole aussi éloquente. On y chercherait de même en vain le nom d’un apôtre, laïque ou religieux, qui se soit jamais dépensé avec plus de prodigalité pour la diffusion de son évangile, ni qui ait jamais gardé avec les foules un contact plus étroit et plus constant. L’évangélisation des foules ! Voilà quinze ans et plus, en effet, que M. Bourassa n’a pas d’autre objet, d’autre pensée, d’autre souci. Voilà quinze ans et plus que par le discours, la conférence, l’article de journal, la brochure et le livre, il travaille à faire descendre ses idées dans le peuple. — Combien d’autres, qui ne le valent pas, qui sont à cent lieues de le valoir, ont réussi à moins de frais semblable entreprise !

Et cependant, M. Bourassa, lui, ne voit guère dans l’ensemble avancer la sienne. — Il aura eu jusqu’ici cet honneur, il est vrai, et qui n’est pas médiocre, d’attirer à lui toute une élite, de susciter autour de son nom, dans la partie pensante du public, de nombreuses et ferventes admirations. Je ne parle point de ces bons jeunes gens, encore tout frais sortis de l’école, qui forment, je crois bien, le gros de ses fidèles et auprès de qui il commande aujourd’hui plus que l’ordinaire autorité d’un journaliste ou d’un chef politique, — celle vraiment plutôt d’un prophète ou d’un fon-