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LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME[1]


C’est une question de savoir si notre pays a connu, en ce dernier demi-siècle, plus de deux ou trois hommes qui aient eu en politique des vues en général aussi justes, une aussi claire intelligence des problèmes essentiels de leur temps. Depuis vingt ans bientôt, avec un bonheur presque toujours égal, sa pensée s’attaque tour à tour aux sujets les plus divers. De tous : impérialisme ou immigration, conflits scolaires ou administration du domaine public, bien peu qui aient échappé à la rigueur de son analyse. Bien peu dont il n’ait aperçu clairement tout le fond, sur lesquels il n’ait porté le jugement même du bon sens et de la raison. Des centaines de pages du Hansard, des centaines de colonnes du Devoir, une vingtaine de livres ou brochures, en portent le témoignage : nul dans notre vie publique, en un espace de temps relativement aussi court, n’avait encore fourni plus forte somme d’idées.

D’autre part, on fouillerait, je crois, en vain toute notre histoire politique avant d’y trouver

  1. Nous avons conservé à cet article inachevé, écrit à Rawdon pendant l’été de 1916, le titre qu’il portait dans le manuscrit de l’auteur. Lui-même le jugeait un peu dur, mais il n’en indiqua jamais d’autre. Dactylographiée par ses soins, la copie que nous employons n’en porte aucun.