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LETTRE OUVERTE À MON AMI X…

pouvoir ensuite classer avec quelque chance de ne pas trop me tromper. J’admettrai celle-ci comme certainement ou probablement fondée ; je repousserai celle-là qui me paraît manifestement absurde ; je tiendrai cette troisième pour douteuse jusqu’à plus ample informé.

Ce faisant, je défendrai non pas, comme vous dites, l’intérêt allemand, mais quelque chose qui me tient bien plus à cœur, et c’est à savoir, avec la réputation de bon sens de ceux de mes compatriotes qu’il me sera possible d’éclairer, ma propre dignité d’écrivain.

Quant à ceux, les plus nombreux sans doute qui, s’imaginant servir par là la gloire de la France, se sont juré dès le commencement de tout gober du moment que ce sera contre l’Allemagne, libre à eux ! Ce ne seront pas ceux-là, quoi qu’ils fassent, qui m’empêcheront jamais de pratiquer pour mon compte cette indépendance et cette loyauté d’esprit que j’ai apprises à l’école de la France.