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MON ENCRIER

pas besoin, pour être grande, de rapetisser ses concurrentes. Ils comprendraient qu’un peuple peut être très grand dans le monde, qu’il peut avoir été dans le monde l’initiateur d’une science nouvelle et d’un âge nouveau, sans cependant pour cela pouvoir porter le moindre ombrage à la France immortelle.

Surtout ils seraient assez fiers et assez sûrs d’elle pour ne lui vouloir, à ce moment solennel de son existence, qu’une ennemie digne d’elle. Ils ne voudraient pas qu’un jour, au lieu d’avoir à célébrer son triomphe sur l’un des plus grands peuples que le monde ait connus, on n’eût en somme à la féliciter que d’avoir mis à la raison un certain nombre de « hordes barbares ».

Pour nous, s’il nous est permis de le dire, pour nous qui avons appris des Français mêmes à admirer l’Allemagne intellectuelle, rien ne nous empêchera, chaque fois que nous en aurons l’occasion, de reconnaître la valeur éminente de la culture allemande, non plus que l’étendue des services qu’elle a rendus à l’humanité. Cette culture, nous le savons bien, n’est pas la culture française ! Mais depuis quand n’est-il plus place sous le soleil pour plus d’une esthétique, pour plus d’une littérature — et pour plus d’une culture ? Depuis quand n’est-il plus permis, parce qu’on admire le Parthénon, d’admirer aussi les cathédrales gothiques ?