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1896, vers onze heures du matin. Installés commodément sur le pont, tout en suivant avec intérêt les manœuvres de l’appareillage, nous nous réjouissions de voir notre départ favorisé par une lumineuse journée et une mer superbe.

Bientôt, franchissant l’entrée du port, le bateau prit le large ; les mille bruits des quais et de la ville s’éteignirent peu à peu, l’immense cité s’embruma dans les lourdes vapeurs grises d’un ciel d’été ; les jetées des bassins neufs s’allongèrent au loin comme des promontoires et quand nous eûmes salué l’imposante montagne de N.-D. de la Garde, nous ne vîmes plus devant nous que l’étendue bleue de la Méditerranée et dans le lointain la côte uniforme dont les contours fuyaient vers l’Orient.

Ce sentiment intense et profond de la vie, que donnent les libres espaces, et la splendeur de cette nature provençale, pourtant à peine entrevue, doublaient en nous le désir de fouler aux pieds le sol de l’île mystérieuse, qui nous apparaissait alors comme une vraie terre promise. Aussi, jusqu’au soir, fut-il question de l’ordre de notre voyage et de la direction de nos recherches. Après avoir relu des notes, consulté nos cartes, nous arrêtâmes définitivement l’emploi de notre temps. Nous décidâmes de visiter d’abord une partie de la Balagne, aux environs de Calvi, fort peu explorée depuis le séjour qu’y fit Soleirol. Ensuite, si les moyens de communication le permettaient, nous gagnerions Ajaccio par le littoral, puis Sartène et Bonifacio. De là, nous devions remonter à Bastia par la plaine orientale, non sans consacrer quelques journées à la région qui avoisine Corté, où nous tenions à recon-