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Belgodère. — 16 mai.


Nous partîmes le lendemain à 6 heures pour Belgodère, avec l’intention d’aborder les premiers contreforts des montagnes, du côté de la Cima Pietrone et de entrer le soir à l’Île Rousse. La matinée était splendide ; aussi ce trajet de trois quarts d’heure ne nous parut-il durer qu’un instant. Auprès de la gare, nous notâmes :

Mesembryanthemum acinaciforme L.
Trifolium nigrescens Viv.
Raphanus silvester forma microcarpus R. et F.

En montant dans le train, un véritable champ d’Isatis tinctoria L., qui couvre les terrains vagues de la gare, nous rappelle que M. Fliche a indiqué cette plante entre l’Île Rousse et Corbara. C’est très nettement le type de Linné (α. sativa DC.), que le chemin de fer contribuera sûrement à répandre, avec le Cardaria Draba Desv. qui l’avoisine, une autre pérégrinante connue déjà au cap Corse, à Bastia (P. Mab.) et d’Ajaccio à Vico (Boullu). Là encore se retrouve notre Pavot de Calvi (P. Simoni Fouc.), dont la dispersion sera sans doute favorisée de la même manière car nous en avons nous mêmes revu quelques pieds le long de la voie, entre Ajaccio et la pointe d’Aspretto.

Il ne serait pas dénué d’intérêt de rechercher dans quelle mesure l’établissement de lignes ferrées en Corse a déjà contribué ou contribuera à l’extension de l’aire géographique de certaines plantes, peut-être aussi, par cela même, à la lente disparition de certaines autres. Les faits de cet ordre ne manquent pas en botanique. Mais le défaut de renseignements précis