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France, il est bien rare de trouver sur le continent l’affabilité, la prévenance de bon aloi des Corses en général, des Balanais en particulier. Combien de fois, au cours de nos promenades, avons-nous été frappés de cette obligeance instinctive et bien désintéressée qui suit l’étranger du nord au sud de l’île ! Dans nos excursions, les paysans nous accompagnaient parfois jusqu’à leurs propriétés, nous autorisant à traverser les cultures ; les bergers eux-mêmes, surpris de notre présence au cœur des maquis, abandonnaient souvent leurs chèvres dispersées pour nous indiquer des routes, nous croyant égarés. Il n’était pas jusqu’aux marmots qui ne nous suivissent par bandes curieuses, heureux s’ils pouvaient trouver pour nous les offrir, des plantes semblables à celles de notre récolte.

Adieu donc Calvi et son beau golfe que nous longeons à toute vitesse ! La ligne traverse une région humide couverte de Carex, coupée de flaques d’eau où fleurissent des Iris Pseudacorus L. Ce sont les marais de Lumio où le train arrive en dix minutes. La gare est entourée de jeunes plants d’Eucalyptus globulus Labil., l’arbre providentiel des pays de fièvre, que l’on répand de plus en plus dans les parties malsaines du littoral.

Nous côtoyons toujours la grève monotone, roussie par un soleil impitoyable. Voici bientôt l’antique Algajola, autrefois prospère sous la domination génoise, aujourd’hui réduite à quelques pauvres habitations de pêcheurs. La ville voisine de l’Île Rousse, fondée par Paoli, a patriotiquement accaparé, depuis les luttes anciennes, le commerce de la Basse-Balagne et reste florissante et animée auprès des ruines de sa rivale.

Notre carnet est toujours ouvert ; nous enregistrons