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fausse instruction, pire peut-être que l’ignorance. Dans ce système, si l’on veut multiplier les rangs dans lesquels les élèves sont alignés, il faut multiplier les maîtres ou bien condamner le maître à ne s’occuper de chaque ordre que successivement…

« L’enseignement mutuel a tous les caractères de l’enseignement simultané, mais il y joint un nouveau degré de simplicité et d’énergie. Il fait disparaître d’abord l’alternative qui tourmentait ce dernier, en délivrant de la rigueur des classifications trop générales et trop absolues. Il se prête à de nombreuses divisions et sous-divisions dans l’enceinte du même corps, et sous les yeux du même maître. Ce ne sont plus des alignemens forcés dans la même classe, ce ne sont plus des écoles distinctes dans la division des classes. Chaque élève est toujours à sa vraie place ; les classes se suivent, se tiennent par la main plutôt qu’elles ne sont séparées. Il y a plus, et dans chaque classe ou sous-division, l’élève est constamment situé au degré dont il s’est actuellement montré capable ; de la sorte, l’avantage unique de l’enseignement individuel se trouve conservé et reproduit tout entier au sein d’une masse considérable. Chacun est aussi actif et plus actif même que s’il était seul. Il se corrige par l’exemple d’autrui, il corrige son camarade par son exemple, il est tenu incessamment en haleine pour l’action et pour la revision. Le ressort principal est toujours unique, mais au lieu d’imprimer un mouvement uniforme à des élémens divers, il varie son impulsion, la modifie en autant de manières qu’il y a de variétés réelles dans les élémens ; mais à l’aide de ressorts subordonnés, il embrasse avec moins d’efforts une sphère plus vaste. Les ressorts sont les élèves mêmes, distribués graduellement sur tous les points où l’instruction doit atteindre. En dirigeant, ils se rendent compte à eux-mêmes de ce qu’ils ont appris, c’est-à-dire exécutent réellement l’exercice nécessaire pour bien savoir. Tour à tour élèves et répétiteurs, ils ne font que transmettre ce qu’ils ont reçu, indiquer ce qu’ils ont tenté eux-mêmes avec succès. La portion la plus difficile, la plus délicate, la plus ignorée du rôle de l’instituteur, je veux dire la bonne direction des facultés, s’accomplit en quelque sorte toute seule pour cet exercice toujours régulier, progressif, dans lequel l’attention des enfants est entretenue ; l’émulation, la sympathie imitative s’accroissent par une classification plus vraie, qui rapproche