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« fruits et revenus » de la terre de Montbard, prétendant qu’elle appartenait au domaine de la Couronne. Pour justifier cette revendication, il s’appuyait sur un fait remontant au xve siècle ; en 1478, Louis XI l’avait donnée au maréchal de Bourgogne ; puis en 1551, à la suite du décès de François d’Orléans, duc de Longueville, elle était passée, en vertu d’un partage fait en 1554 par Henri II, au duc de Nemours ; celui-ci avait vendue en 1613 au duc de Bellegarde, grand écuyer de France ; ce dernier l’avait échangée avec son frère le baron de Termes en 1616, à la succession duquel elle avait été adjugée, par décret du Parlement du 13 mai 1638, à Duplessis-Montbard, créancier. Aubery put présenter ses titres de possession et on le laissa momentanément tranquille. Mais, en 1676, on reprit les poursuites sous un autre prétexte, à savoir que les bois avaient été déclarés communaux par les anciens ducs de Bourgogne, seigneurs de Montbardt[1]. Un arrêt du procureur du roi du 5 février 1676 conclut que la terre devait être réunie au domaine. Aubery fit préparer un long factum pour sa défense par l’avocat Husson. L’instance introduite par Vialet fut reprise par Buisson, son successeur, et le 14 février 1682 la seigneurie de Montbard était réunie au domaine de la Couronne[2].

L’activité de Duplessis, avons-nous dit, s’exerça à peu près dans tous les sens où agit la Compagnie du Saint-Sacrement, qui fit appel à lui pour les missions les plus délicates, tant à Paris qu’en province. Il suffit de parcourir à ce sujet les Annales de la Compagnie, rédigées par d’Argenson et publiées par dom Beauchet-Filleau. « Dieu lui avait sans doute donné le don des œuvres par-dessus tous ses confrères », écrit d’Argenson, rendant ainsi un témoignage mérité à ses services et à son zèle. En 1650, il entreprend une visite générale des compagnies de province, à Orléans, Nantes, Rouen, Senlis. En 1658, il est désigné pour s’occuper de la communauté des Prêtres hibernois (Irlandais), pour lesquels la Compagnie cherchait un logement, et fit une importante charité.

La même année, il négocia l’achat d’une nouvelle maison, qui allait devenir le monastère du Précieux-Sang, pour les religieuses bernardines émigrées de Lorraine, venues s’établir en 1636 rue du Bac, puis rue de Vaugirard, au coin de la rue Cassette, assistées par la Compagnie dès 1654, chassées de chez elles par leurs créanciers en 1656 et « déménagées » en 1657 grâce aux secours financiers de la Compagnie et du marquis de Laval, leur bienfaiteur[3].

  1. Voir Perdrizet, Buffon et la forêt communale de Montbard. Origines de cette forêt. Son aliénation en 1665 et procès qui s’ensuivirent avec M. de Buffon, Dijon, 1888, in-8o.
  2. Madault, Mémoires pour servir à l’histoire de Montbard, Paris, 1882.
  3. Les Bernardines devaient acheter à Philippe Aubery, le 13 mars 1680,