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les mystères de montréal

Par une sombre après-midi de novembre 1845, un pâle soleil d’automne jetait, avant de disparaître entièrement, un demi-jour dans cette salle.

Un individu assoupi sur un banc semblait insensible au brouhaha qui se faisait autour de lui. Il fallait qu’il fût bien fatigué pour dormir au milieu de cette réunion d’hommes qui se chamaillaient à propos de rien et qui n’ouvraient pas la bouche sans crier à tue-tête.

Le dormeur était mal vêtu. Quoiqu’on fût en novembre et qu’il y eut de la neige, il n’avait pas de paletot, et sa coiffure était une méchante casquette de matelot.

Il sommeilla ainsi plusieurs heures et eut peut-être prolongé son sommeil jusqu’au lendemain, si un client de Bibi ne l’eut pas éveillé, en lui touchant par mégarde.

Il s’assit sur son banc, se frotta les yeux et, quand la nuit fut tombée complètement, il sortit du « Cheval Blanc. »

Il sentit qu’il faisait froid, releva le collet de son habit et passa la main sur ses chaussures percées qui se laissaient pénétrer par la neige et enfonça sa casquette sur ses oreilles.

Il monta sur la rue Notre-Dame, tourna à gauche et alla tomber dans la rue Bonaventure. Il se dirigea encore vers l’ouest en répétant en lui-même, comme s’il eut craint de l’oublier.

No 127, 127.

Au premier coin qu’il rencontra, s’étant arrêté, il