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son autorité. J’ai ouï dire que quelque cent ans après votre mort, un philosophe platonicien demanda à l’empereur qui régnait alors, une petite ville de Calabre toute ruinée, pour la rebâtir, la policer selon les lois de la république de Platon, et l’appeler Platonopolis ; mais l’empereur la refusa au philosophe, et ne se fia pas assez à la raison du divin Platon, pour lui donner le gouvernement d’une bicoque. Jugez par là combien la raison a perdu de son crédit. Si elle était estimable le moins du monde, il n’y aurait que les hommes qui la pussent estimer, et les hommes ne l’estiment pas.


DIALOGUE II.

ARTÉMISE, RAIMOND LULLE.


ARTÉMISE.

Cela m’est tout-à-fait nouveau. Vous dites qu’il y a un secret pour changer les métaux en or, et que ce secret s’appelle la pierre philosophale, ou le grand œuvre ?

RAIMOND LULLE.

Oui, et je l’ai cherché long-temps.

ARTÉMISE.

L’avez-vous trouvé ?

RAIMOND LULLE.

Non ; mais tout le monde l’a cru, et on le croit encore. La vérité est que ce secret là n’est qu’une chimère.

ARTÉMISE.

Pourquoi donc le cherchiez-vous ?

RAIMOND LULLE.

Je n’en ai été désabusé qu’ici-bas.