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la suite on-a été obligé, par différentes observations et par de nouvelles considérations, d’augmenter toujours cette hauteur, et qu’enfin un très habile astronome vivant a osé la porter jusqu’à 10,000 lieues. Le tourbillon sera encore près de dix fois plus étendu ou plus haut, n’allât-il que jusqu’à la lune, où il pourrait bien ne se pas terminer ; et sa grandeur peut empêcher que celle de l’enveloppe de la terre ne paraisse disproportionnée.

151.Mais on peut faire encore une réflexion plus appuyée sur la nature même des choses. L’atmosphère n’est presque, dans sa partie basse, qu’un amas confus d’air, de vapeurs et d’exhalaisons, le tout mêlé seulement d’autant de matière éthérée qu’il en faut pour remplir les interstices qui demeureraient vides : cette matière n’est là qu’en petite quantité ; tout ce mélange est déterminé par la rotation de la terre, à prendre la circulation solide ; c’est une espèce de violence que souffre la matière éthérée qui s’y trouve enfermée. À une région plus haute de l’atmosphère, il y a moins de matière atmosphérique, plus de matière éthérée qui s’oppose à la circulation solide, et tend à rétablir la fluide. Or, il est possible, et même vraisemblable, qu’il y ait enfin un lieu où la matière atmosphérique ne monte plus, et où cependant la circulation fluide ne soit pas encore rétablie ; car la pesanteur et la grossièreté de la matière atmosphérique doivent très naturellement l’empêcher de monter, ou du moins l’arrêter à une assez petite hauteur ; au lieu que la circulation solide, une fois prise par l’atmosphère, ne peut pas aisément se changer en la circulation fluide qui lui est tout opposée. Il faut que cela se fasse lentement et par degrés, même lorsque la matière éthérée sera dégagée