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PRÉFACE.

aurait attiré plus d’attention ; cependant l’accueil favorable que le public a fait à l’ouvrage de M. de Fontanes en a déjà rendu nécessaire une édition nouvelle. On se fait un devoir de la publier ; mais cette fois, elle n’a pas été préparée par son illustre auteur. On s’est borné, en réimprimant l’édition de 1821, à recueillir avec soin quelques variantes, quelques vers que M. de Fontanes avait eu l’intention d’y placer, et qui se retrouvaient dans son manuscrit. Ce goût exquis de perfection et de pureté, qui caractérisait le beau talent de M. de Fontanes, lui aurait peut-être inspiré quelques autres changements, mais en bien petit nombre : et il semble que cette traduction élégante, énergique, harmonieuse, représente vivement l’original, qu’elle le surpasse et l’embellit quelquefois, et ne laisse voir que les défauts inséparables du sujet et du plan choisis par le poëte anglais. Depuis les Discours de Voltaire, il serait difficile de citer des vers français où l’emploi judicieux de l’imagination serve mieux à parer les idées philosophiques. L’expression de M. de Fontanes est constamment brillante et correcte, hardie et sage. Notre langue s’y montre dans sa pureté classique ; et cette pureté la rajeunit. Ce beau style, aujourd’hui si rare, mérite d’être un objet d’étude pour les jeunes talents : transporté sur un sujet plus heureux, il aurait eu plus de charme et d’attrait ; mais il n’en est pas moins admirable, en dépit de cette métaphysique aride qui sort du système chanté par le poëte anglais, et qui gagne quelquefois ses vers.

Villemain.