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ŒUVRES DE FONTANES.

électif est incertain, violent et faible comme les passions des hommes, tandis que l’hérédité donne, en quelque sorte, au système social la force, la durée et la constance des desseins de la nature. La succession non interrompue du pouvoir dans la même famille maintiendra la paix et l’existence de toutes. Il faut, pour que leurs droits soient à jamais assurés, que l’autorité qui les protége soit immortelle. Le peuple qui joint le caractère le plus mobile aux plus éminentes qualités, doit surtout préférer un système qui fixera ses vertus en réprimant son inconstance.

L’histoire montre partout à la tête des grandes sociétés un chef unique et héréditaire. Mais cette haute magistrature n’est instituée que pour l’avantage commun. Si elle est faible, elle tombe ; si elle est violente, elle se brise, et dans l’un et l’autre cas elle mérite sa chute, car elle opprime le peuple, ou ne sait plus le protéger. En un mot, cette autorité qui doit être essentiellement tutélaire, cesse d’être légitime dès qu’elle n’est plus nationale.

Non, sans doute, ils ne sont pas des Dieux ces êtres puissants que l’intérêt général a rendus sacrés, et qu’il relègue à dessein dans une sphère éclatante et inaccessible, pour que la loi proclamée de si haut par leur organe ait plus d’éclat, d’empire et de persuasion. Mais, si la grandeur monarchique ne se fonde plus sur les mensonges brillants qui séduisaient l’imagination de la multitude, elle se montre appuyée par toutes les vérités politiques qu’ont fait triompher enfin la leçon du malheur et la voix des sages.