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ŒUVRES DE FONTANES.

ému de sa douleur. Une curiosité purement littéraire a réuni quelques gens de goût. Ils viennent juger avec quel art on a traité un sujet proposé, depuis un an, à l’émulation, pour une médaille et quelques applaudissements. C’est un jeu d’esprit, un effort de talent qu’ils applaudissent, et non un spectacle dramatique auquel ils viennent assister.

Ces oraisons funèbres du dernier siècle me paraissent avoir encore un autre avantage. On sait bien que le ton des panégyriques exagère toujours un peu celui de la vérité ; mais on y pardonne aisément quelque excès, quand les larmes dues à la mémoire de celui qu’on célèbre, ne sont point encore essuyées. Au contraire, tous les inconvénients du genre se font sentir quand les années ont affaibli l’enthousiasme et les regrets. Le temps découvre les imperfections des plus grands héros, et rien ne se dissimule à son tribunal. Ainsi, quand les siècles ont passé sur la tombe d’un homme illustre, il doit être plus jugé que loué. Son véritable éloge est dans son histoire. Plutarque, éloigné par plusieurs générations des grands hommes grecs et romains, se contenta d’écrire leurs vies, et ne lit point leurs panégyriques.

Mais, en reconnaissant les désavantages de ces éloges académiques, on n’en doit que plus d’estime à ceux qui ont su répandre des beautés réelles dans un genre équivoque, qui ne peut avoir, ce me semble, au même degré, ni les grands mouvements de l’éloquence funèbre, ni les développements instructifs de l’histoire.

Cependant, plusieurs sujets traités par Thomas